Naudet
| Les informations issues de personnages sont recueillies des mémoires, journaux, et interviews auprès de personnes fiables. Ces informations ne peuvent être prises à elles seules comme une réalité historique. | 
| Naudet | |||||
|---|---|---|---|---|---|
| Aucune photo n'est disponible | |||||
| Nom de naissance : Alphonse Naudet | |||||
| Alias : Le survivant | |||||
| Naissance : Non Communiqué | |||||
| Statut : Surement toujours en vie | |||||
| Activité(s) principale(s) : Marchand itinérant | |||||
Naudet roule sa bosse sur les routes du nord depuis plus de 30 ans. Il connaît les trois pays humains (Arthon, Boquéron, Perrasie) comme sa poche, mais aussi très bien les cités Naines de l’Ankatraz à l’ouest et les elfes de Bragorn au sud. Il travaille toujours seul, ce qui lui a valu de manquer de mourir plusieurs fois au cours de sa vie, pris dans des complications propres à l’exercice du métier de marchand itinérant.
Une aventure de Naudet
De tous les affluents de la Grande Étoile, fleuve tentaculaire divisant l’imposante Atthalos à cinq reprises, l’Étoile du soir était réputé être le plus calme. Seul le sillon d’une barge marchande qui glissait lentement sur l’eau, s’éloignant de l’immense cité venait troubler sa surface en faisant danser doucement le reflet nacré de la lune. Du silence sonore qu’imposait la nuit se distinguaient grillons, coassements d’amphibiens nocturnes et le régulier clapotis d’une longue perche en bois contre l’eau.
Naudet le marchand préférait toujours voyager de nuit quand il faisait ce trajet. Il avait fini de vendre ses matières premières à Atthalos et repartait vers les montagnes pour faire affaire avec les nains. Pour cela, il devait remonter ce fleuve jusqu’à sa source, et quitter les frontières de L’Arthon et des royaumes humains - ce à quoi il était habitué, en sa condition de marchand itinérant - mais surtout longer l’orée de l’immense jungle de Karaxx, l’un des endroits les plus périlleux du monde connu. Cette jungle n’était pas réellement moins dangereuse la nuit que le jour, mais les animaux diurnes l’habitant étaient tellement bruyants qu’il en devenait beaucoup plus difficile d’identifier une menace à l’oreille, et qu’à travers les épais feuillages, même une vue affutée n’était pas d’un grand secours.
Ainsi Naudet, aussi silencieux que possible, tendait l’oreille alors que son bateau filait vers les montagnes, les dernières tours d’Atthalos disparaissant dans les ténèbres derrière lui. Sur sa droite, les ombres menaçantes des arbres torturés de la jungle commençaient à se dessiner. Un frisson lui parcourût l’échine. Qui pouvait se vanter d’arriver à imaginer quelles horreurs pouvaient se terrer entre ces obscures broussailles ? Seuls quelques uns des plus courageux des chevaliers du pays avaient osé y mettre les pieds, et si peu en sont revenus indemnes qu’on en est venu à douter même qu’il en soit un jour revenu quelqu’un.
Naudet commençait à souffler un peu. Devant lui, ce qu’il attendait impatiemment de voir depuis déjà plus d’une heure : alors que l’Étoile du soir continuait vers l’est pour s’enfoncer dans la jungle, une grande arche en pierre finement sculptée entourée de deux statues représentant des gardes nains, en grande partie couvertes de mousse et de lichens, marquait l’entrée du canal qui rejoignait l’entrée de Kebrogdor, la grande cité naine du nord, où il voulait faire commerce. Il avait de très bons rapports avec les nains de Kebrogdor, qui avaient l’habitude de commercer avec les humains. Ils faisaient un très bon acier, et, contrairement à certains de leur homologues, étaient très talentueux pour travailler le bois, qu’ils arrachaient dangereusement à la jungle bordant leur montagne. C’était donc des artisans de choix pour se procurer tout type d’outils. Ils brassaient en plus une très bonne bière, que Naudet, en sa qualité de grand amateur de boissons maltées - en témoigne son imposante bedaine - salivait d’avance d’apprécier. « À tout pénible voyage son lot de bonnes choses », se plaisait-il à penser. Les rêveries alcoolisées du voyageur, peut-être un peu hâtives, avaient distrait son attention, l’espace d’un instant, assez longtemps pour qu’il ne distingue pas d’étranges silhouettes glisser dans l’eau avec aisance. Naudet reprit ses esprits. Quelque chose n’était pas normal. La lune brillait toujours dans le ciel, au dessus des arbres. L’eau était toujours aussi calme, mais plus aucun reflet n’ondulait à sa surface. Elle était sombre, noire comme du charbon. Un craquement sinistre se fit entendre à l’arrière du bateau et résonna contre les parois abruptes des montagnes voisines, perdues dans le noir. Naudet cessa de respirer. Même la nuit s’était tue.
Des chavireurs.
Il avait déjà entendu des légendes à leur sujet. Il était perdu. Le pont derrière lui éclata, laissant apparaitre deux créatures au corps d’amphibien, la tête chargée de deux immenses yeux globuleux complètement noirs. L’un deux se dressa sur ses pattes arrières et Naudet remarqua qu’ils étaient légèrement humanoïdes, et que si l’un de leurs deux bras étaient terminé par une main palmée au pouce opposable, l’autre se terminait par une énorme pince dans laquelle des débris de bateau étaient encore coincés.
D’autres craquements se firent entendre dans la cale en contrebas. Le bateau s’enfonçait lentement dans l’eau calme.
« C’est la nourriture qui les intéresse », pensa Naudet, qui avait fait le plein de viandes et de blé à Atthalos. Il déglutit avec difficulté. Les deux [chavireurs] présents sur le pont chargèrent vers Naudet, brandissant leur pince disproportionnée. Naudet planta solidement sa perche dans le lit de la rivière, et sauta de sa barge en s’appuyant sur celle-ci. La solide perche en bois ploya sous son poids, mais tint bon avant de basculer vers le rivage. Malheureusement, elle était légèrement trop courte, et Naudet atterrit dans l’eau froide, à moins d’un mètre de la rive. Sans prendre le temps de se retourner il entendit deux légers bruits de plongeon derrière lui. Ils en avaient après lui. En panique, alourdi par le froid et le poids de ses lourds vêtements mouillés, il se débattit de toutes ses forces pour atteindre le rivage et se hisser hors de la rivière. Il n’eut que le temps de se redresser pour voir émerger juste derrière lui les deux créatures, tentant de le happer d’un puissant coup de pince. Hurlant de terreur, il se mit à courir, le plus loin possible de cette jungle maudite. Derrière lui, la barge finissait de se disloquer avant de disparaître, dans la nuit et le silence.